« Tu es magnifique. »

26 mars 2014

« Tu es magnifique. »

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Dormir, dormir encore …Puis se réveiller.

La fuite a souvent des relents de lâcheté, vous savez cette lâcheté paresseuse.

Je dors encore et encore et redoute le réveil car il sera violent, déterminant.

Spectateur de ma vie dont le scénario se résumerai en 1 page tapé en gros caractère.Un scénario sans vraiment d’intrigue où l’on a du mal à cerner le protagoniste.

Une enfance insouciante, une adolescence enivrante et un âge adulte qui refuse de se manifester. Mais une colère qui persiste et qui ne trouve aucun moyen de s’atténuer.

« C’est bien, au moins tu identifies tes soucis » me lança un ami.

C’est bien, mais ça ne résout pas grand-chose et comme les choses ne sont jamais simples, je suis en plus habité par ces tourments identitaires d’une recherche de soi oú le moi occupe une place prédominante ne laissant aucune place à toute autre considération.

Dormir et encore dormir, ça ira mieux au réveil. Alors je dors et demeure spectateur de ma vie et de celle des autres.

De plus, je sens poindre le nez d’une aigreur croissante qui affecte ma perception de ceux qui m’entourent. Un grincheux qui n’est même pas vieux c’est à la fois anachronique et chiant.

Trop vite lassé de tout et tout le temps.

Les gens sont cons car ils se croient différents. Je suis con alors ou pas assez.

La vie c’est quoi … ? 5 jours semaine de labeur pour un court répit. Deux jours pour le bonheur quand celui-ci ne s’enfuit … ? C’est quoi ce bordel.

Il manque de la lumière et ma peau absorbe cette morosité.

Devant une glace on ne peut se mentir et bien moi j’y arrive ou du moins j’essaye … Lorsque soudain :

Lui-« Qui es-tu, que veux-tu, te donnes tu les moyens pour y arriver ? »

Moi-« Putain c’est chiant, je vais dormir ça sera plus clair au réveil. »

L-« Chaque minutes passées est morte à jamais, qu’as-tu fait le dernier quart d’heure ? »

M-« Relis plus haut, je dormais ».

Jusqu’au jour où même dormir devient très compliqué et c’est à ce moment précis que des mécanismes aussi tordus qu’immatures se mettent en place un peu comme un groupe électrogène lors d’une panne de courant. Cela fait 20 ans que je suis en pilotage automatique. Que j’attends un été sans fin, sans fausses notes et que mes projets trouvent celui qui pourra les porter.

L-« D’ailleurs c’est quoi tes projets … ? »

M-« C’est bon, tu le sais bien, enfin … J’en sais pas trop, je vais dormir ».

L-« Non, attends s’il te plait. Attend et écoute moi, je n’ai pas beaucoup de temps à t’accorder, j’ai d’autres spécimens de ton genre à secouer ».

M-« Mais qui es-tu toi …? Dieu … ? »

L-« Même pas et là n’est pas la question. »

M-« Mais t’es qui ? »

L-« Arrête de fuir et écoute moi. Tu as peur ? »

M-« Oui. »

L-« De quoi ? »

M-« Je ne sais pas. »

L-« Réfléchis. »

M-« Je ne sais vraiment pas. »

L-« Peu importe quelles seront tes peurs, dis-toi juste qu’elles sont là pour que tu les surpasses … Personne ne meurt de peur. »

M-« ça c’est de la couillonnade, c’est tout ce que tu as en stock ? »

L-« Quelles sont les origines de ces peurs. »

M-« … C’est moi. »

L-« Tu as peur de toi ? »

M-« Je pense…Ou plutôt j’ai peur de me voir réellement, tel que je suis vraiment, déshabillé de toute carapace. »

L-« Mais tu es magnifique. »

M-« Merci … J’ai une certaine maîtrise intuitive et je sais que tu dis ça pour me réconforter. »

L-« Non, tu ne sais rien et tu es magnifique.»

M-« Je ne pense pas. »

M-« Bordel, mais t’es qui au juste … ? »

L-« Là n’est pas la question. »

M-« Si c’est pas Dieu, c’est quoi, un genre de moi imaginaire qui surgit à chaque passage à vide dans ma vie. »

L-« Non, même pas. »

L-« Tu es en bonne santé ? »

M-« Je pense que oui, mais une sorte d’hypochondrie s’est invité depuis peu comme si ce n’était pas déjà assez compliqué comme ça. »

L-« Tu es égoïste … »

M-« Je pense que si je ne l’étais pas tu le saurais. »

L-« 🙂 Oui, je le saurais. Mais tu ne l’es que parce que tu dors trop ».

M-« Oh oui, je dors trop. Je tente par là de figer le temps qui lui file à toute allure. L’enfoiré ! »

L-« Oui, l’enfoiré … »

M-« Mais toi, parle-moi de toi. »

L-« Arrête de fuir, dernière sommation. »

M-« Ok, mais que veux-tu que je te dise de plus : Je suis un mec paumé qui recherche le bonheur, une super vie, un super job et une super nana et un super tout , sans me soucier de savoir si oui ou non je suis à la hauteur; c’est humain non ? Un mec qui se persuade que la réussite nécessite trop d’effort et préfère se coltiner à l’échec. Un mec qui a quitté la course depuis longtemps, empruntant des chemins de traverses dans lesquels il s’est perdu. Un mec désappointé, lassé, angoissé que même le plus optimiste des babas cool en deviendrait dépressif. Un mec qui se vautre dans une complaisance insolente. Un mec qui se cache dans ce brasier de l’indifférence et qui s’y brule les doigts, préférant à la prise de conscience la douleur. Un mec qui dort et dort encore, putain de sommeil qui ne vient plus dans ce dédale pourtant si clair, la ligne est droite, en témoigne le sillage au sol et il n’y en a qu’une ! Non moi je préfère les tortueux virages, les boucles à l’infini ! L’empathie à fait place à l’égocentrisme qui lui a fait place à une fureur de vivre frelatée, insipide...

Un jour il fera beau et de cette chaleur naitra un nouveau moi sinon à quoi bon. Un jour je serai ce pourquoi je suis et plus encore.

Un jour je me réveille … Et je t’écris.»

M-« Mec … ? T’es encore là … ? »

L-« … »

M-« Mais t’es qui ??? »

L-« … »

M-« Papa … ? … C’est toi … ?»

-« … »

-« … »

« Tu es magnifique. »

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A mon père parti il y a dix ans mais présent plus que jamais.

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