Racisme à la marocaine

26 mars 2014

Racisme à la marocaine

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Un petit, tout petit texte qui mériterait d’être long pourtant.

Depuis quelques jours, de nombreuses publications traitent du «racisme au Maroc».

Ce racisme est implicitement institutionnalisé chez nous.

Ce racisme, celui que Nelson Mandela découvrit avec effroi lors de sa visite au Maroc, alors sous Hassan 2, est présenté par bon nombre de têtes aux chapeaux coniques comme étant l’expression de notre culture …

Celle que les Marocains véhiculent consciemment, car le racisme est inscrit dans le patrimoine makhzénien …

Le Maroc est le premier pays à avoir reconnu les Etats-Unis ! Aime-t-on crier à tout va ! Oui certes, ce dernier fut aussi l’un des principaux pourvoyeurs d’esclaves vers le Nouveau Monde. (Cela, c’est écrit en tout petit, tout petit.)

Mais aujourd’hui, notre société marocaine du pays et de la diaspora est-elle raciste ?

-“Tbronziti maa rassek , wouliti draoui” “Tu as bien bronze, on dirait un esclave”

Alors vous ne voyez toujours pas ?

-« Chouf aroussa zouina wakha Kahla » « Regarde la mariée, elle est belle bien qu’elle soit noire »

Ne me dites pas que vous n’avez jamais entendu ce genre de phrases …

Mesurons l’ampleur de notre racisme avec honnêteté, celle du malade qui prend conscience de sa pathologie et qui a le choix, soit de la combattre, soit de s’y résigner.

Oui, au Maroc nous sommes majoritairement racistes, oui il y a de l’antisémitisme à revendre, oui il y a dans notre société un système de castes informelles et des privilégiés qui viennent renforcer ce racisme.

Certaines plumes tentent de justifier cette ignominie, accordant à l’interjection « aazzi » une définition tolérable. C’est quoi ce délire !!

D’autres accusent la bourgeoisie marocaine de vouloir paraître, en portant ces revendications d’égalité raciale.

A mon humble avis, il ne faut rien attendre de la bourgeoisie marocaine ou si peu, tant que cette dernière sert de rustine à ce système féodal et archaïque, système qu’elle reproduit dans son intimité.

En plus d’être le premier islamiste du pays, le roi et sa troupe de gais lurons sont les premiers racistes du pays. Je vous passe les détails que représente la « négritude » à l’intérieur du palais.

La « négritude » des Marocains … Tiens, ce serait un excellent sujet de thèse universitaire. Comme je le disais dans un de mes précédents textes, trop de Marocains ont un solide problème avec leur propre « négritude ».

Je me rappelle de ce mariage… La mariée, une splendide marocaine métisse à la peau d’ébène s’était fait grimer le visage en blanc par la « ziyana » (maquilleuse) . Un vrai visage « de Pierrot au clair de la lune », tableau burlesque qui se dressa là, sous mes yeux. Cette maquilleuse autoproclamée (comme elles le sont souvent) avait oublié les mains … Et là, c’était vraiment comment dire … Cheeelllllooouuuu comme truc. Une espèce de face d’aspirine avec les mains du « père Fouettard ».

Pourquoi ce délire de vouloir blanchir une peau qui ne l’est pas… ? C’est alors que mon cours d’histoire vint me titiller le cerveau et me rappela que sous, je ne sais plus quel Louis (XI, XII, XIII, XIV, XV , XVI, peut-être même sous tous les Louis), le fait d’avoir la peau un peu bronzée vous assignait au rang du bas peuple, celui qui était exposé au soleil dans les champs à la corvée.

Sommes-nous devenus aussi rétrogrades que l’était la société française de cette époque ?

Alors je me suis une fois de plus confessé :

-J’ai grandi dans une ambiance raciste. Oui, Monsieur !

-Dans une société raciste avec des racistes qui étaient convaincus qu’ils ne l’étaient pas. Oui, Monsieur !

– Avec aussi des victimes du racisme, les « racisés » qui à leur tour l’infligeaient aux autres comme une sorte d’exutoire de leur souffrance de « bougnoule » Oui Monsieur !

Je me suis même récemment pris la tête avec un ami. Sa mère est marocaine et noire, je lui ai dit, en voyant la photo, qu’elle est noire et j’ai perdu un ami …

Pourquoi ? Allez lui poser la question !

Nous sommes racistes avec nos semblables, pourtant nous n’aimons que nous …

Et comme dernier exemple que j’assimile comme une forme de racisme dans notre société, c’est celui de la femme marocaine qui lorsqu’elle épouse un Européen « l’oblige » à se convertir sous peine de ne pas pouvoir l’épouser …

Ne riez pas cela existe encore, oui cela existe qu’un mec qui s’appelle Bertrand face fi d’une partie de lui-même en se rebaptisant Bilal, pour que la famille de sa moitié daigne le regarder …

Oui, que ce même Bertrand par amour ou que sais-je se fasse circoncire à 27 ans, pour qu’enfin la famille de sa moitié daigne le regarder, car incapable d’assumer face à notre société que Bertrand est catholique et qu’il aime leur fille.

Une femme au Maroc ne peut se marier qu’avec un homme de confession musulmane ou juive (les 2 religions reconnues par la Constitution marocaine).

Je ne comprends pas cette attitude suprématiste face aux autres, que je traduis encore et encore comme étant une forme de racisme !

Les exemples sont multiples et franchement, ils mériteraient qu’une plume plus assidue que la mienne en fasse l’analyse afin que nous puissions avoir une esquisse de réponse crédible face à ce douloureux constat.

Pour finir, sur cette surprenante campagne antiraciste au Maroc je suis tiède voir gelé, car tant qu’elle ne remet pas en branle toute la société marocaine dans ses plus hautes sphères « culturelles », elle ne sert à rien si ce n’est qu’à bousculer gentiment certaines consciences en mal de sensations.

Zmagri

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Commentaires

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Je n'ai jamais ressenti le racisme au Maroc. J'y ai étudié de 1980 à 1985, et le visite très régulièrement. Bien que basané, je n'ai jamais eu le sentiment que ces expressions "Draoui", "Ezzi", "Lakhal", avaient des connotations racistes. J'ai vu unE cohabitation normale, et assez respectueuse entre tous. Pour ce qui est de l'affiche, c'est sans doute lié au comportement de certains qui ne respectent ni les conditions de location, ni les exigences du voisinage et de la mitoyenneté. Surtout que le Maroc est soumis, ces dernières années, au déferlement d'une vague de migrants vivant dans la précarité. S'il n'y a pas une face cachée de l'Iceberg, je crois que cette analyse est disproportionnée avec la réalité.

zmagri
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Je serai moins "fleur bleue" que vous sur les connotations "Draoui, Ezzi, Lakhal", qui demeurent des interjections racistes car elles usurpent à l'individu sa qualité d'humain à part entière. Nous sommes qu'une et une seul race : La race humaine.
L'affiche du texte est un acte raciste pur, vouloir y apporter un sens, serait cautionner ce racisme latent qui n'attend que ça...
Pour ce qui est du Maroc, chacun son vécu, mais je dirai que si aujourd'hui une campagne de sensibilisation (critiquée dans le texte) a lieu, c'est qu'il y a des soucis à ce niveau.
Zmagri